18.05.2017

Paris, 14 mai 2017: HOMELIE AVEC MEMOIRE DU BIENHEREUX VLADIMIR GHIKA, MARTYR

HOMELIE POUR LE 5 ème DIMANCHE DE PÂQUES

AVEC MEMOIRE DU BIENHEREUX VLADIMIR GHIKA, MARTYR

Au cœur de ce Temps pascal, nous voici conviés à considérer le but dernier de notre existence. Dans le Christ ressuscité, nous sommes appelés à partager la vie de Dieu, à ne faire qu’un avec lui et à disposer nos vies en conséquence. « Quand je serai allé vous préparé une place dans la maison de mon Père, dit Jésus à ses disciples, je reviendrai vous prendre avec moi ; et là où je suis, vous y serez aussi ». Quelle promesse pourrait nous rendre plus heureux : rien en ce monde n’est susceptible de combler notre désir autant que cette espérance de la dilatation de nos existences à la mesure de la vie divine.



Et cette promesse du Christ n’est pas seulement pour un futur lointain, au-delà de la mort, mais pour aujourd’hui. Car, dès maintenant, nous connais-sons le chemin qui mène à cette vie totale et nous pouvons le prendre et y goûter pour une part les joies du Royaume mêlées à tous les tourments de notre vie encore en devenir. «Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie », dit le Seigneur. Voilà notre route, voilà notre porte, voilà notre berger, voilà notre vigne, voilà notre pain, voilà notre vie. Il nous faut donc poser aussitôt la question essentielle : quelle est la place du Christ dans nos choix, dans nos décisions, dans nos perspectives ? Il me semble qu’il y a là un point d’attention majeur dans toutes nos interrogations humaines. Réellement, nous devons être convaincus que celui qui tourne son regard vers le Christ et qui se laisse regarder par lui, voit Dieu et se laisse rencontrer par son amour. «Croyez ce que je vous dis : qui me voit, voit le Père ; je suis dans le Père et le Père est en moi. Notre vie consiste en un long travail de désaveuglement pour permettre aux yeux de notre cœur de reconnaître Dieu sur le visage multiforme de son Christ : dans nos frères, dans la Parole de Dieu proclamée et méditée, dans les sacrements et dans toutes œuvre d’amour. Oui, le Christ est là tout près de nous, en nous, au milieu de nous et il nous donne à voir l’invisible, à contempler la Trinité elle-même dans un regard de foi où toute chose en ce monde, lorsqu’elle est belle et bonne, nous renvoie à notre éternité.

Mais prenons garde, frères et sœurs bienaimés, la pierre de touche de la vérité de l’expérience spirituelle est l’action. Vous le savez, tous les grands contemplatifs ont aussi été de grands missionnaires. Il ne peut y avoir de véritable contemplation sans une mise en œuvre efficace dans l’obéissance. Le Christ lui-même nous y invite lorsqu’il dit : « Celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes puisque je pars vers le Père. » Si le Christ nous donne à contempler le Père, si le Christ se révèle à nous comme chemin, vie et vérité, c’est bien pour manifester au monde cette bonne nouvelle que Dieu nous envoie, afin que notre humanité parvienne progressivement à sa pleine réalisation. Depuis les temps les plus anciens, les Pères enseignent que la vie chrétienne est comme une échelle. Le premier degré de cette échelle est une lecture assidue de la Parole de Dieu, le second consiste en la méditation de cette Parole, son assimilation, sa mastication, ensuite de quoi vient la prière qui mène à la contemplation des êtres crées et de la Trinité même : mais on oublie souvent que le dernier degré de l’échelle est l’action, la mise en œuvre. Oui, la lecture, la méditation et la prière doivent conduire à la mise en œuvre de la Parole de Dieu dans une obéissance fervente jusqu’à l’oubli de soi dans un amour extrême. Ce n’est donc pas pour rien que nous lisons au temps pascal le livre des Actes des Apôtres qui montre ce que les Apôtres ont inventé – ici l’ordination des diacres – pour que eux-mêmes  continuent de se consacrer à la Parole de Dieu et à sa transmission.

Tout ce qui vient d’être dit se retrouve dans la vie des saints qui nous sont présentés comme des exemples de la réussite de la grâce dans des vies d’hommes et de femmes. Ici, nous sommes dans une église placée sous le patronage de Sainte Elisabeth de Hongrie. Cette princesse vivait à l’école de Saint François d’Assise, comme lui, elle était mue par une charité exquise.

Beaucoup sont rassemblés aujourd’hui pour l’anniversaire de la naissance au Ciel du Bienheureux Vladimir Ghika. Ce prince roumain vécut dans cette époque tumultueuse pas si loin de nous, de 1873 à 1954, où, d’une certaine manière, il a vu tout disparaître et où il a tout perdu dans une humble et obéissante marche à la suite du Christ. Né à l’époque des Empires et des cours, il mourut pour la foi catholique, comme un paria, dans les geôles de son pays devenu communiste. Il a mené une vie de grands renoncements à la suite du Christ qu’il a toujours choisi par priorité. C’est au point qu’il a eu l’impression que sa vie était un grand échec. Mais on peut la lire bien autrement, comme un perpétuel élargissement. A chaque étape de sa vie, il reçoit un appel à l’ouverture. Ainsi en est-il quand il devint catholique : ce n’était pas pour renier sa foi orthodoxe mais il a vu que l’Eglise ne pouvait être qu’une, unique, unie, servante er très grande. C’est au moment de son passage dans l’Eglise catholique qu’il sentit l’appel à être prêtre. Il ne le deviendra que 20 ans plus tard. Mais pendant ces 20 années de vie de missionnaire laïc, que n’a-t- il pas fait pour servir le Seigneur dans les pauvres, que ce soit à Rome, à Salonique, à Bucarest, pendant les guerres balkaniques ? Grâce à lui, la petite Eglise catholique latine de Roumanie se dota d’institutions charitables qui lui faisaient jusqu’alors défaut, à Bucarest comme à Iassi. Aux dames de charité de Bucarest qui soutenaient l’action des Filles de la Charité, il a donné le meilleur de son enseignement sur la charité. Nous ne pouvons décrire toute sa vie : ce fut un continuel élargissement à tous les appels de la charité. Prêtre, il fit de même, toujours attentif aux plus pauvres, les réfugiés des lendemains de la 1 ère Guerre mondiale, les prolétaires vivotant sur les anciennes fortifications de Paris, peu ou prou à l’emplacement de l’actuel boulevard périphérique, - il s’illustra surtout près de la porte de Villejuif. Et d’élargissement en élargissement, le monde devint son village. Partout et toujours, la charité fut le moteur de sa vie ou mieux l’amour du Christ. Il songea même à créer une communauté dont l’action eut été aussi large que tout le champ de la charité. D’où lui venait tout cela ? De son profond attachement au Seigneur, par une intimité telle avec lui, qu’il était porté à voir le Christ sur le visage de n’importe quel pauvre, à l’instar de Saint Vincent de Paul. Il vivait déjà au régime du Royaume. Quand au bout de sa vie, il entra dans la prison de Djilava, ses compagnons d’infortune ont été frappés par sa liberté intérieure, comme s’il voyait l’invisible. Tout donné au Christ, il vivait déjà dans le Royaume, on avait l’impression que rien ne pouvait plus l’atteindre, il était déjà au-delà. Par sa personne et son ministère, il rendait le Christ présent à tous. Il était porteur d’espérance là où tant de personnes se seraient effondrées dans le désespoir.

Nous rendons grâce à Dieu pour cette vie toute tournée vers les autres parce que toute tournée vers Dieu. Dieu comble absolument ceux qui l’aiment, dès cette vie. Qu’à la prière du Bienheureux Vladimir, nous sachions aussi choisir le Christ, l’aimer et agir dans le service de l’amour.

Sainte-Elisabeth, à Paris, 14 mai 2017

Monseigneur Philippe BRIZARD

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